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À propos

La peinture de Margarita Plaza apparaît multiforme, dans ses sujets comme dans ses choix esthétiques. Nus féminins, portraits, personnages, figures animales et végétales, auxquels s’ajoutent de nombreuses références culturelles : voilà un riche éventail de thèmes.

 Mais, malgré ces éléments réalistes ou reconnaissables, la figuration n’est qu’une option parmi d’autres. Certaines œuvres prennent par exemple le parti d’une abstraction plus ou moins rigoureuse. En fait, l’opposition figuration-abstraction ne fonctionne pas ici, et la plupart de ces travaux se situent à mi-chemin de ces deux pôles.

Les toiles données par l’artiste comme abstraites, et celles qui paraissent telles à première vue, invitent malgré tout l’imagination du spectateur à projeter ses propres images sur des formes et couleurs qu’il ressent comme allusives : étranges  végétations, couches géologiques, jaillissements aquatiques...

 Le plus souvent, des espaces traités librement en-dehors de tout souci de perspective et de figuration, recèlent des présences précaires et flottantes, figures plus ou moins cryptées ou  identifiables, profils, visages, silhouettes. Les nus figuratifs, avec leurs regards perdus, baignent dans un climat de rêverie extatique. De leur côté, les peintures-sculptures font jaillir de la surface une troisième dimension, d’une manière quelque peu fantastique.  Chez Margarita Plaza, nous sommes dans un monde rêvé, une réalité irréelle, une surréalité.

Cette réalité rêvée impose au spectateur son dynamisme irrésistible. Les œuvres de Margarita Plaza, éminemment cinétiques, ne sont que vibrations, impulsions, projections, explosions, ondulations, griffures, giclées, tournoiements, ascensions…  mouvements innombrables encore démultipliés par  les couches superposées. Nous assistons en direct au geste de l’artiste, qui transforme la couleur en matière animée d’une vie turbulente et baroque. Notons que l’Espagne est présente, dans l’association des rouges et des jaunes.

Ce mouvement peut se moduler : élan furieux et convulsif quand la nature se révolte,  il devient impulsion sereine et fraternelle quand les mains s’étreignent. Par-delà ces différences, c’est  dans un grand continuum que nous plonge la peinture de Margarita Plaza : un élan virtuellement universel entraîne et relie les êtres vivants (humains, oiseaux, poissons, chevaux, arbres), aussi bien que le cosmos, ses astres et ses traînées lumineuses… Les formes s’interpénètrent, les rythmes se répondent,  l’homme et la nature s’amalgament. Les nus n’émergent que partiellement de l’espace coloré dont ils sont l’émanation, les corps féminins se confondent avec les arbres, de même que les animaux fusionnent avec l’air et l’eau. Le mouvement est aussi un flux temporel : la conception et l’oeuf originel ont pour répondant la tête de mort, figure parmi les autres figures ; les générations s’unissent dans les mains qui s’étreignent, et le voyage inclut  les différents âges de l’humanité, depuis la préhistoire avec ses peintures pariétales, jusqu’à la modernité avec Einstein, en passant par des monuments et œuvres d’art de diverses époques.

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Sous la diversité, l’oeuvre de Margarita Plaza obéit, on le voit, à l’unité d’un tempérament. Elle nous arrache à la myopie de la vie quotidienne pour nous proposer une métaphysique concrète : son langage physique et sensoriel nous livre sa vision du grand mouvement de la vie dans l’univers. 
 

Elisabeth ARAGON

Elisabeth ARAGON

Artiste peintre

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